Stradivarius, la fin d’une légende?

Reportage photographique sur une étude scientifique comparant l'acoustique des Stradivarius et des violons modernes

La légende veut que les Stradivarius soient les meilleurs violons et que le secret de leur extraordinaire acoustique ait disparu en même temps que leur créateur Antonio Stradivari. De nombreux facteurs mécaniques et acoustiques ont été proposées pour expliquer la supériorité des anciens violons italiens: le vernis, le bois utilisés, le réglages et le positionnements des pièces favorisant l’acoustique.

Cette croyance est soutenue par la plupart des violonistes qui sont persuadés que les instruments de Stradivari et Guarneri « del Gesù » (un autre très fameux luthier italien du 18 ème siècle) sont tonalement supérieurs à d’autres violons et aux violons modernes en particulier. Mais ne faut il pas se poser la question de savoir si l’histoire et la valeur (environ 8 millions d’€ pour un stradivarius) de ces violons qui ont été joués pour la plus part par les plus grands violonistes de l’histoire, devant des auditoires prestigieux, ne sont pas des facteurs qui influencent la perception et le jeux des solistes? Jusqu’à récemment, le principe fondamental de la supériorité tonale des violons anciens n’avait jamais fait l’objet d’enquêtes scientifiques approfondies.


Les résultats de 2 expériences récentes sont peut être sur le point de détruire ce mythe: L’acoustique des violons modernes serait aux moins aussi bonne voir meilleures que celles des célèbres violons italiens Stradivarius et Guerneri Del Gesu. Tel est la conclusion d’une expérience réalisée en 2012 à l’auditorium de Vincennes, par la chercheuse française du CNRS, claudia Fritz, dont les résultats viennent d’être publiés dans la revue PNAS de l’Académie des Sciences des Etats Unis. Cette publication vient confirmer et renforcer les conclusions de celle publiée précédemment dans la même revue scientifique suite à une expérience réalisée en 2010 à Indianapolis aux Etats Unis, toujours par Claudia Fritz.

Afin d’obtenir une réponse objective , Claudia Fritz (chercheur acoustique au CNRS ) a décidé de demander à des violonistes expérimentés, mis dans des conditions expérimentales qui ne leur permettent pas de voir l’instrument qu’il joue, de comparer des violons Stradivarius et Guarneri Del Gesu avec des instruments modernes de hautes qualité.

La première expérience a eu lieu aux Etats-Unis en Septembre 2010. Claudia Fritz avait profité d’une compétition internationale réunissant à Indianapolis, les meilleurs violonistes, de demander à 21 d’entre eux, participer à l’expérience. Elle leur a demandé de jouer et de comparer six violons, trois modernes et trois vieux. Un des violons ancien avait été fabriqué par Guarneri « del Gesù » ( c.1740 ) et les deux autres par Antonio Stradivari ( c.1700 , c.1715 ) . L’expérience a eu lieu dans une chambre d’hôtel spécialement choisis pour la qualité de son acoustique. Pour ne pas reconnaitre les instruments les musiciens portaient des lunettes de soudeurs modifiés et l’éclairage ambiant avait été réduit. La conclusion était incroyable : la plupart des musiciens préféraient les nouveaux violons aux Stradivarius et Guarneri .

Mais de nombreuses critiques arguèrent qu’une chambre d’hôtel n’était pas adaptée pour jouer, écouter et apprécier l’acoustique d’un violon et qu’une de salle de concert serait plus approprié pour réaliser dans de bonnes conditions cette expérience. Certains critiques avancèrent également que le fait de ne tenir compte que de l’avis des violonistes n’était pas suffisant, et ils suggérèrent que le point de vue d’un auditoire avertis était nécessaire. Claudia Fritz décida alors d’organiser une deuxième expérience en France à l’Auditorium de Vincennes. Pour cette expérience Claudia Fritz et son équipe composé du luthier American Joseph Curtin, du chercheur du CNRS, Jacques Poitevineau,

Il ressort de cette étude que les différences et les préférences ressenties par les solistes ne sont pas liées à l’ancienneté des violons mais aux qualités individuelles et intrinsèques de chaque violon.

Comme le montre le reportage photographique. Claudia Fritz a réalisé une autre expérience à New York en mars 2013 Mars lors d’une exposition célèbre pour Luthier appeler Mondomusica.

Ces résultats n’ont pas encore été publiés.

Si les résultats des expériences d’Indianapolis et de Vincennes étaient confirmées par celles de New York, cela ferait sans doute radicalement changer les mentalités des musiciens, comme des luthiers, en mettant plus que jamais l’accent lors du choix d’un violon non sur l’ancienneté et l’origine des violons mais sur la relation et la perception du violon par son violoniste.

Ainsi un grand nombre de musiciens auraient désormais la possibilité de faire leur choix parmi un plus grand nombre de violons équivalent tonalement à un Stradivarius, pour un coût au moins 100 fois inférieur.

Cela n’enlèverait en rien au prestige et à l’importance historique des violons anciens.  Ils  resteraient malgré tout et pour longtemps encore de magnifiques objets d’arts et d’histoire et acoustiquement parmi les meilleurs. Il ne fait aucun doute qu’ils sauront encore pour longtemps maintenir leur emprise sur l’imagination des violonistes et des mélomanes.